Dossier des lampadaires : Les prédateurs des fonds de l’Etat rattrapés par leurs mensonges

Ceux qui n’ont jamais supporté le rôle de gendarme financier que jour l’Inspection générale des finances –IGF- ont l’habitude, croyant couvrir leurs forfaits, de diffuser dans l’opinion, des allégations non fondées contre Jules Alingete, Inspecteur général-chef de service. Ils ne savaient pas que tôt ou tard, les mensonges finissent toujours par rattraper leurs auteurs. 

L’on peut le dire aujourd’hui concernant les lampadaires commandés en 2022 par Gentiny Ngobila, ancien gouverneur de la ville de Kinshasa, devenu sénateur, pour éclairer certaines artères. Ces matériels devaient être livrés par la société Solektra. Mais, ce que l’on ne s’est jamais expliqué, est l’Inspecteur général des finances, va être accusé d’avoir empêché, par ses observations, le décaissement de cet argent alors que l’instruction aurait été donnée par le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. Ces détracteurs ont donc mené tambour battant une campagne médiatique contre Jules Alingete qui n’a fait que son travail, celui de dénoncer toute surfacturation ou détournement des fonds de l’Etat.

«Partout à travers le monde, les médias sont considérés comme des acteurs clés dans la lutte contre la corruption, en matière de sensibilisation et de renforcement de la dissuasion morale et judiciaire. C’est le contraire en République Démocratique du Congo, où au nom d’un prétendu journalisme d’investigation orienté, certains médias se complaisent dans les attaques contre des figures majeures de la lutte contre la corruption visiblement dans le but de saper leur image. Pareille démarche fait le lit de la prédation et de la corruption», souligne Me Smeth Kusolika.

De l’avis de cette avocate, les détracteurs de l’IGF ont cherché à présenter le chef de l’Etat comme celui qui aurait autorisé le financement ou l’entrée sur le sol congolais, des matériels commandés par un prestataire payé pour un projet surfacturé. Le dire relève tout simplement de l’outrage. Aujourd’hui, la vérité remonte à la surface.

Un aveu qui en dit long

Le premier à avouer le forfait est Nicolas Kazadi. Lors du briefing presse organisé le 25 avril 2024 à la télévision nationale, l’ancien ministre des Finances avait avoué que le marché des lampadaires a été surfacturé.

«Le gouverneur de la ville m’écrit pour me demander de payer 2900 lampadaires au prix de 4900 dollars par lampadaire. Je lui dis que je ne peux pas payer ça parce que c’est trop cher. J’ajoute que je suis en train de payer les lampadaires au prix de 1500 dollars le lampadaire -l’unité- chez le fournisseur Modern Construit au moment où nous parlons. Il livre à 1500 dollars pour tout le pays et on ajoute seulement 120 dollars d’installation», avait-il dit.

Il ajouter: «Le gouverneur me dit que ce n’est pas la même qualité. Je rétorque qu’on n’a pas besoin de Rolls Royce de lampadaire mais de simples lampadaires. Il me dit que le marché est déjà passé, la commande a déjà été passée en France et il faut payer. Il fait son lobbying en disant qu’il faut lutter contre les kuluna. Finalement, je dis comme c’est un gros montant et que je ne suis pas convaincu, j’appelle en premier l’Inspecteur général des finances pour lui dire qu’on me fait pression pour payer les lampadaires dans le cadre de la lutte anti-kuluna. Je vais payer mais je vous demande de faire le suivi de ce paiement. J’ouvre un compte qui s’appelle “Hôtel de Ville/Investissements” où on loge l’argent. Et c’est l’Hôtel de ville qui a la signature de ce compte. Je dis aussi que seulement 30% de l’argent peut être donné aux prestataires locaux et 70% au fournisseur étranger. Tout ça parce que je sais que l’argent est sécurisé quand on paye par lettre de crédit au fournisseur étranger, la banque ne peut payer que ce qu’il y a réellement dans le contrat, parce qu’on peut vous présenter des lampadaires très chers et, au moment du paiement, on paie les moins chers. J’ai fait ça exprès pour qu’il n’y ait pas de tricherie possible», avait-il expliqué.

Et de conclure: «Le gouverneur Ngobila a envoyé une équipe pour aller visiter l’usine qui fabriquait ces lampadaires. Je n’étais au courant de rien dans tout ça et c’est maintenant que je le découvre dans le dossier. Ce dossier m’a été amené sur la table par le gouverneur. Je l’ai même appelé ce matin pour lui dire ma désolation. Ce n’est pas mon dossier. C’est un dossier du gouverneur Ngobila. S’il y a des justifications à faire sur ce marché, c’est l’Hôtel de Ville».

En clair, Nicolas Kazadi savait que ce contrat était surfacturé, mais il avait quand même payé sous pression, soutient-il. Il avait même précisé que le contrat des lampadaires avait été négocié et signé sans des clauses accordant des exonérations. Pendant toutes ces tractations, l’IGF n’est en rien impliqué.

Gentiny Ngobila accuse à son tour

De son côté, l’ex gouverneur de Kinshasa Gentiny Ngobila n’a pas tardé à dénoncer à son tour les propos de Nicolas Kazadi. «Les gens qui ont livré et installé les lampadaires sont partis de quelque part. Je dis bien de quelque part. Ils ont eu leur contrat. La contractualisation a été faite par mon ministre de l’Energie. Et le même ministre est allé visiter l’usine qui fabrique des lampadaires en France. Il a confirmé que ces gens-là fabriquent du bon matériel. Le ministre Nicolas Kazadi dit que c’est trop cher mais c’est lui qui a payé. Ce n’est pas Ngobila. J’ai suivi que le paiement est parti du compte séquestre de la Ville mais je vous dis que le paiement n’est jamais parti de ce compte. Je vous dis la vérité, vous pouvez aller vérifier à la Sofibanque. Le paiement est parti du Compte général du Trésor directement au compte de Monsieur Bathily Solektra. Il n’y a jamais eu de compte séquestre en ce qui concerne les lampadaires de Monsieur Bathily», a-t-il précisé.

Il dénonce : «Au contraire, j’ai appris l’existence de ce paiement via l’Inspecteur général des finances. C’est lui qui m’a appris comment le paiement est passé du Compte général du Trésor au compte de Monsieur Bathily sans passer par la Ville».

Samba Bathily, le dirigeant de Solektra a tenté d’évoquer des complications administratives dans un communiqué publié dans les médias. «Pour le dernier cité, pas besoin d’un schéma savant pour comprendre qu’il s’agissait tout simplement d’un refus délibéré de payer l’impôt, espérant se jucher sur les épaules de Kazadi, sa principale béquille dans le deal», analyse un acteur de la société civile.

Dans cette confusion, l’Inspection générale des Finances ne pouvait que réagir pour clarifier la situation. Après enquête,  l’IGF découvre que le contrat n’avait jamais été exécuté deux ans après sa signature, et que seuls 180 lampadaires avaient été installés sur 2900, alors que les 13 millions USD exigés par Solektra avaient été totalement décaissés. Etait-ce un crime que de demander que les frais de douane soient payés par cette société qui avait touché des millions de dollars, et qui voulait bénéficier de l’exonération? Plus grave: la société Solektra avait été payée mais les lampadaires n’ont jamais été installés sur les avenues de la capitale.

Le DG de Solektra a finalement accepté de payer les droits de douane, mais à ce jour, il n’a jamais installé les lampadaires. Pourquoi, alors, les maffieux habituées à produire de fausses rumeurs contre l’IGF n’expliquent pas pourquoi les avenues Kasa-Vubu et By-pass ne sont pas éclairées.

Après avoir fait le constat de cette mauvaise pratique, les inspecteurs des finances avaient alerté leur hiérarchie qui, tout de suite, avait pris des mesures pour éviter la fuite de l’argent appartenant à l’Hôtel de la ville. L’ultimatum de trois mois intimé à cet opérateur économique malien l’avait poussé à faire une partie du travail, sans évidemment le terminer. Dans ce désordre entretenu par l’ex argentier national, pourquoi l’on cite le nom du président de la République, alors que tout est clair. Dans tout cela, c’est la confiance dont Jules Alingete continue à bénéficier de la part du chef de l’Etat qui cause des insomnies aux prédateurs des finances publiques.

Miroir Politique

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