Devant des opérateurs économiques réunis dans le cadre du réseau Makutano, André Wameso, gouverneur de la Banque centrale du Congo –BCC- a planché sur la problématique de financement de l’économie congolaise. Dans cet ordre d’idées, il a dit souhaiter la structuration de l’épargne en franc congolais pour financer l’économie nationale.
Cela passe, a-t-il dit, par le renforcement de la confiance des Congolais dans leur monnaie nationale. Par ailleurs, le gouverneur de la BCC soutient que la RDC doit s’organiser pour tirer profit du marché boursier et du marché des capitaux, dans le cas contraire, cela profiterait aux économies étrangères.
Le gouverneur de la BCC a dit inscrire son action dans l’objectif de la stabilisation du cadre macro-économique, du renforcement de la confiance des Congolais dans la monnaie nationale, et dans la modernisation du système bancaire. Dans sa vision, il veut basculer le système financier congolais vers la digitalisation, un accroissement substantiel de l’inclusion financière, de façon à contribuer à l’amélioration du pouvoir d’achat des Congolais, au développement du marché des capitaux, et à l’amélioration du climat des affaires
Intégrer l’économie congolaise dans le marché africain
Lors de cette rencontre, André Wameso a axé son intervention sur trois axes principaux, à savoir: renforcer l’architecture financière en RDC, la régulation des marchés financiers en mettant en place un cadre juridique et institutionnel solide; promouvoir un modèle innovant de financement et d’investissement incluant la digitalisation, la formalisation des acteurs et la création d’instrument adaptés au développement du pays ; développer les infrastructures et les connexions régionales afin d’intégrer progressivement notre économie aux marchés africains et modifier la profondeur de notre marché financier domestique.
Prenant l’exemple de l’enveloppe salariale de l’Etat en RDC qui s’évalue actuellement à environ 400 millions de dollars par mois, il estime que si l’on prélève 5% de cette enveloppe salariale, en termes d’épargne de retraite, on dégagerait 20 millions USD mensuellement, soit 240 millions USD par an qui pourrait financer directement l’économie. Bien plus, le gouverneur de la BCC soutient qu’il faut tirer avantage de la jeunesse congolaise. Car, 70% de la population en RDC ont moins de 25 ans. De son avis, si 30 millions de jeunes travaillent et contribuent avec 10 dollars au titre de l’épargne pour la retraite, cela dégagerait une bagatelle de 300 millions de dollars chaque mois, soit plus de 3,6 milliards de dollars par an pour financer l’économie nationale.
Le marché boursier n’est pas une fatalité
Dès lors, pour le gouverneur de la BCC, la création du marché boursier ne doit pas être une finalité. La finalité, selon lui, c’est organiser l’épargne des Congolais dans l’ultime objectif de financer l’économie nationale.
Répondant à une question sur la durée du raffermissement du franc congolais constaté ces dernières semaines, André Wameso a été clair. « Je crois que oui, parce que nous ne sommes pas dans une phase d’amélioration du cours de change dans un système où tous les instruments de politique monétaire fonctionnaient. Nous sommes dans une appréciation liée à une correction d’un instrument de politique monétaire qui était défaillant. Quand cette correction va finir. Puisqu’il y a trois phases de correction: septembre, octobre et novembre 2025. Une fois qu’on aura fini de corriger, le marché va trouver un point d’équilibre. En ce moment-là, en coordination avec le gouvernement dans sa politique budgétaire, la Banque centrale va veiller à la stabilité. Mais, ici la banque centrale a corrigé un instrument de politique monétaire qui était mal ajustée et qui a occasionné une surliquidité de franc congolais sur le marché. Cette correction ponctionne de franc congolais de telle sorte qu’il y a un retour à l’équilibre qui va être déterminé par la Banque centrale et le marché quand cet instrument va finir d’être corrigé au mois de novembre. Et, c’est ça la réalité. Et cette période de stabilité, nous l’avons déjà connu de 2010 à 2015 et de 2020 à juin 2023. Et cette stabilité est nécessaire pour donner la confiance. Quelqu’un peut investir en franc congolais, s’il sait qu’il est dans la stabilité », a expliqué André Wameso.
Le gouverneur de la Banque centrale a fait savoir, pour finir, que les grandes entreprises rapatrient 60% de leur chiffre d’affaires mais qui disparaissent en RDC parce qu’à son avis, nous ne sommes pas organisés. Il compte aussi créer une raffinerie d’or pour permettre à l’Institut monétaire de disposer des avoirs en or.