Le bilan de l’année 2024 s’avère positif : La SNEL se veut prudente pour 2025

 Partout au monde, la fin de chaque année offre aux responsables de tous les secteurs, publics ou privés, la possibilité de marquer un temps d’arrêt, pour revisiter le chemin parcouru, identifier les difficultés rencontrées et fixer des perspectives pour l’année qui pointe à l’horizon. C’est à cet exercice que se livre déjà la société nationale d’électricité –SNEL- sous la conduite du DG Fabrice Lusinde. 

En effet, durant l’année 2024, le comité de gestion de cette société publique dont le caractère stratégique n’est pas à démontrer, s’est attelé à réhabiliter, améliorer, renforcer et moderniser l’outil de travail en vue de continuer à améliorer la quantité et la qualité de la desserte de la population en énergie électrique.

Ce travail a visé particulièrement l’industrie minière devenue aujourd’hui plus que stratégique dans la perspective du renforcement de la plus-value du produit minier congolais par sa transformation locale. Le même travail a également visé les zones économiques spéciales qui constituent des pôles de développement ayant un besoin permanent d’énergie électrique

Le travail fait par les équipes techniques de la société nationale d’électricité a consisté par ailleurs à améliorer la qualité du service et du produit face à la concurrence, non seulement d’autres sociétés produisant l’énergie hydroélectrique, mais aussi de la montée de l’énergie photovoltaïque.

Une gestion rigoureuse des finances

Au sein de la SNEL, les agents et cadres se disent satisfaits de la rigueur avec laquelle les finances ont été gérées au cours de l’année 2024. C’est cette prudence dans les dépenses qui aura permis au DG Fabrice Lusinde et à son comité de gestion de relever certains défis auxquels ils étaient confrontés. A ce sujet, l’on reconnait que depuis la fin de l’année 2023 à ce jour, la situation financière de la Snel s’est nettement améliorée, notamment grâce au tarif de l’énergie haute tension revu à la hausse.

Ainsi, depuis janvier 2024, la Snel ne recourt plus aux crédits à court terme, conséquence: l’encours vis-à-vis des banques commerciales a été réduit de près de 60%, marquant ainsi un pas décisif dans la politique de désendettement et la possibilité de disposer de plus d’OPEX.

Cependant, les dirigeants de la SNEL craignent que ces avancées positives réalisées ne soient un jour bousculées par la nouvelle parafiscalité qui vient s’ajouter à la pression fiscale existante.

Par ailleurs, la Snel se félicite de l’appui des partenaires bi et multilatéraux qui, par leurs différents programmes, lui ont permis de faire courageusement face aux défis de tous ordres. « Depuis deux ans, de nouveaux programmes de financement avec la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, la KfW (agence allemande de développement), la JICA (agence japonaise de développement) et l’Agence Française de Développement ont été finalisés et sont en cours de mise en œuvre», indique-t-on à la Snel.

Un Master Plan a aussi été conclu avec la Gécamines et les opérateurs miniers, tout comme le partenariat avec John Cockeril qui devrait permettre de redynamiser la recherche et le développement.

D’autres résultats positifs obtenus en 2024 portent sur la réussite des projets pilotes de digitalisation avec le développement de l’application SNEL&Moi et le partenariat avec Blue Energy (système de prépaiement de l’énergie) dont l’objectif est d’améliorer le service à la clientèle.

Plan opérationnel et perspectives 2025-2029

Pour l’année 2025, la SNEL se concentre sur les nouvelles orientations générales du gouvernement aux entreprises formulées le 20 septembre 2024 dans le cadre de la nouvelle politique générale des entreprises publiques.

Dans cet ordre d’idées, l’on se rappelle que « la SNEL avait signé un contrat de performance avec l’Etat afin de poursuivre son redressement qui repose notamment sur la régularisation de ses titres et concessions, le paiement des créances et des consommations de l’Etat, la restructuration de sa dette, une réévaluation des investissements, une meilleure communication, la digitalisation du service à la clientèle et de la gestion des réseaux urbains couplée à la conquête des parts de marché du bois-énergie (4 milliards $), un programme de renforcement des capacités et un plan de relève axé sur le cœur de métier et les NTIC».

La Direction générale de la Snel s’engage aussi à répondre aux obligations indiquées par la nouvelle politique proposée par le ministre du Portefeuille et adoptée par le gouvernement et qui repose sur 10 axes, notamment les investissements et activités, le financement, les participations, la fiscalité et la parafiscalité et la trésorerie.

De même, la Snel a actualisé son plan opérationnel 2024-2026 de manière à prendre en compte les résultats attendus de l’Etat propriétaire par le biais du ministre du Portefeuille.

Enjeux et perspectives pour la SNEL

Afin que les perspectives qui s’annoncent soient mieux prises en compte, la SNEL entend bien profiter de sa situation actuelle. Cette situation montre que «si la SNEL produit 90% de l’électricité en RDC, cela ne représente que 3% de la consommation annuelle d’énergie du pays, dominée par le marché du makala (bois-énergie) estimé à 4 milliards de dollars par an, soit près de 10 millions de dollars par jour ». D’où la nécessité d’inverser la tendance.

Pour ce qui est de l’endettement de la SNEL chiffré à 3 milliards de dollars (4,5% du PIB en 2023) et dominé par les prêts chinois et bilatéraux (clients miniers), l’on est d’avis qu’il est «difficilement soutenable», d’autant que «près de 60% des recettes actuelles sont consacrées au service de la dette».

Il faudra également examiner la question de la facturation forfaitaire qui montre que seul 1 client sur 5 dispose d’un compteur. Cette situation «plombe le taux de recouvrement des recettes exacerbé par le non- paiement des factures de l’Etat propriétaire et des entreprises publiques».

Ces deux parties consomment près de 30% de l’électricité dans les villes, soit 15% de toute la production de la Snel sans contrepartie financière.

Cette situation ne peut qu’appeler à la prudence malgré l’optimisme suscité par les résultats obtenus grâce au nouveau management de cette entreprise publique.

Les défis que la SNEL devra relever

Durant 2025, la Snel devra implémenter des projets structurants grâce à la consolidation des finances et la restructuration de sa dette. Ces projets structurants concernent la digitalisation du service à la clientèle Snel&Moi: compteurs communicants (SNELBOX) et assainissement/modernisation des cabines et réseaux basse tension de tous les réseaux urbains de la Snel dans le cadre de la nouvelle politique commerciale ; la finalisation de la construction du barrage de Katende et des réseaux de transport associés vers Kananga (Kasaï central), Mbuji-Mayi (Kasaï Oriental) et Mwene Ditu (Lomami)=>soutien au développement des agro-industries et substitution de la consommation du bois énergie par l’électricité; la réhabilitation et l’extension du barrage de Mobayi Mbongo ainsi que la construction de la ligne de transport Mobayi-Mbongo–Businga–Gemena et réseaux urbains associés du Nord et Sud Ubangi, et de la Mongala=> soutien au développement des agro-industries et substitution du bois-énergie par l’électricité; la construction des centrales hydroélectriques sur la rivière Luapula (Haut Katanga) ainsi que des réseaux de transport associés vers Tanganyika (Bendera) et Sud Kivu (Ruzizi 1, 2 et 3) et interconnexion avec le réseau de transport Sud de SNEL y compris la construction du tronçon de la ligne entre Kibula (Lualaba) et Kamina (Haut Lomami)=> soutien aux industries de transformation des minerais stratégiques et agro-industries et substitution du bois-énergie par l’électricité ; la construction de la centrale hydroélectrique de Wania Rukula et des réseaux de distribution associés dans les provinces de la Tshopo, du Sankuru (Lodja), du Maniema (Kindu) et du Nord Kivu (Walikale)=> soutien aux agro-industries et industries de transformation des minerais stratégiques et substitution du bois-énergie par l’électricité, et enfin, la construction de nouvelles centrales hydroélectriques de la rivière Inkisi (en attendant la structuration du programme Grand Inga3) + construction de la ligne Maquela Do Zombo (Angola) – Kwilu (Kongo central) et de la ligne Maluku – Kikwit => soutien à la croissance urbaine, au développement des zones économiques spéciales de Kinshasa et de l’industrie des bâtiments et travaux publics au Kongo central et à Kinshasa et substitution du bois-énergie par l’électricité.

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