Lors de la deuxième édition de la semaine de l’énergie : Le DG Fabrice Lusinde a présenté les réalisations et les perspectives d’avenir de la SNEL

La deuxième édition de la semaine de l’Énergie qui a ouvert ses travaux à Kinshasa le mardi 24, se tient jusqu’au26 juin 2025. Organisé par l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité –ARE-, cet événement réunit des opérateurs et partenaires pour discuter des défis et perspectives du secteur énergétique en RDC. C’est l’occasion de renforcer la coopération entre les régulateurs et d’échanger des expertises. 

La semaine de l’énergie est donc un rendez-vous clé pour les acteurs du secteur, permettant des rencontres entre opérateurs, partenaires techniques et financiers, ainsi que des discussions sur les projets d’électrification. 

Les thèmes qui seront abordés incluront les défis et enjeux du secteur énergétique, ainsi que les perspectives d’avenir pour son développement en République démocratique du Congo. 

Pendant trois jours, la salle La Perle de la paroisse Sainte Anne accueille décideurs publics, opérateurs privés, partenaires techniques et institutions pour une ouverture officielle et des rencontres (24 juin, des entretiens one-on-one avec des acteurs clés (25 juin), ainsi que des échanges stratégiques, un panel d’état des lieux et une clôture institutionnelle (26 juin).

Plus qu’un simple forum, c’est un moment de vérité pour le secteur énergétique congolais. Entre ambitions réaffirmées, chiffres et appels à la réforme, la société nationale d’électricité –SNEL- s’est imposée comme l’acteur central d’un futur énergétique qui ne peut plus attendre.

Dans une salle vibrante d’enjeux, la semaine de l’énergie 2025 a planté le décor d’un débat majeur: comment électrifier un pays, construire une souveraineté énergétique durable, tout en naviguant dans les eaux troubles du sous-financement, des dettes abyssales et des réalités démographiques explosives.

À cette question, la Snel est venue avec des réponses, mais surtout un cri d’alarme: «Malgré nos actions et nos versements à l’État, nous ne sommes pas protégés par l’autorité de régulation pour le recouvrement », a expliqué Fabrice Lusinde, Directeur général.

Le DG a évoqué un paradoxe qui pousse à réfléchir: bien que la Snel ait versé 100.3 millions USD en 2024 au Trésor public (contre 70,8 millions USD en 2023), l’État congolais lui doit 278 millions USD, les entreprises publiques 70 millions, et les entités provinciales 60 millions. Au total, plus de 30 % de l’énergie produite est consommée sans retour financier.

La Snel compte à ce jour, une dette globale de 3 milliards de dollars, faisant de la société, le deuxième plus grand débiteur du pays après l’État. Et ce n’est pas tout: avec 2200 MW contractés pour livraison, la Snel parvient difficilement à ne fournir que 1100 MW, révélant un déséquilibre criant entre engagements commerciaux et capacité réelle.

Des réalisations tangibles

Mais loin de baisser son rythme de travail, la Snel affiche aussi ses avancées. En deux ans:

 • 100 000 nouveaux clients ont été connectés, impactant près de 1 million de congolais;

 • 927 techniciens engagés, valorisant le capital humain;

 • Digitalisation accélérée avec SNEL & Moi, SNELBOX, Blue Energy;

 • Suppression de la facturation forfaitaire;

 • Collecte record des taxes d’éclairage public:

 • Kinshasa: 6,8 Mds CDF

 • Lubumbashi: 7,1 Mds CDF

 • Kolwezi: 15,9 Mds CDF

 • +14,1 millions USD investis dans l’électrification rurale.

«Le message est clair: la Snel tient à rompre avec la lenteur administrative et les promesses non tenues. Et elle le fait avec des actes.»

Par ailleurs, de Muanda à Kalemie, en passant par Kisangani, Kolwezi, Gbadolite et Kinshasa, la Snel modernise ses infrastructures:

 • Production: Inga 2 G23 (+40 MW), Nseke G2 (+65 MW), Inga 1 G16 (+55 MW), Tshopo G1 (+6 MW), Inga 2 G25 (+190 MW)

 • Transport: Capacité Inga-Kolwezi portée à 800 MW, nouvelles lignes Kibula–Kamina

 • Distribution : Alimentation 24h/24 à Mbuji-Mayi, Kolwezi, Kisangani, Katogota…

 • Service client : 60 cabines MT à Kinshasa Nord, modernisation des postes de Funa et Liminga

Avec 15 000 journaliers non encore stabilisés et 16 00 cadres pour 3 agents chacun, la Snel subit une pression sociale et organisationnelle lourde. Sans oublier les empiètements anarchiques sur ses installations, liés à l’urbanisation incontrôlée.

Par ailleurs, la société nationale d’électricité plaide pour une révision des contrats de collaboration de 2200 mégawatts notamment les miniers car, elle n’est capable de livrer à ce jour que 1100 mégawatts. 

«Le régime juridique de l’importation d’électricité reste flou», a déploré le DG Lusinde.

L’ARE en position d’arbitre

A son tour, la Directrice générale de l’ARE, Sandra Mubenga, a rappelé le rôle fondamental de cet établissement public: garantir un marché équitable, stable et orienté vers le développement durable, tout en brossant succinctement, les réalisations de l’ARE. Son adjoint, Marc Kuyu, a insisté sur les fondements juridiques à consolider pour protéger les producteurs comme la Snel.

 «Sans l’industrie de l’électricité, les autres industries n’existent pas», a rappelé Fabrice Lusinde. Dès lors, l’électrification est présentée comme la condition sine qua non pour rompre avec la dépendance au bois énergie (4 milliards USD par an) et amorcer la substitution des importations alimentaires.

Face à 95 % de bois énergie issu du secteur informel, la Snel appelle à des investissements massifs:

 • 400 millions USD pour former le capital humain ;

 • 600 millions USD pour développer le potentiel hydroélectrique du bassin du Congo.

La RDC, selon le Directeur général de la Snel, possède trois piliers inexploités:

 1. Le capital humain, riche mais mal formé ;

 2. Les eaux et terres du bassin du Congo, énergétiquement puissantes mais écologiquement menacées ;

 3. Les minerais stratégiques, exportés à vil prix.

«Sans capital humain éclairé et sans électricité abondante, nos forêts seront rasées, nos terres surchargées, nos minerais exportés à bas prix, ne laissant que des trous dans nos sols, nos esprits et nos espoirs.» a martelé le DG Lusinde. 

La semaine de l’énergie 2025 organisée par l’ARE, consacre une société nationale d’électricité en mutation, lucide sur ses failles, mais plus que jamais engagée à incarner une vision nationale qui alimente l’espoir et l’action à la mesure des défis actuels, mais surtout réclame des engagements à la hauteur de l’enjeu national 

Miroir Politique

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