Depuis sa nomination le 7 mai 2025 par ordonnance présidentielle, Christophe Bitasimwa Bahii est à la tête de l’Inspection générale des Finances (IGF), succédant à Jules Alingete Key, figure emblématique de la lutte contre la corruption. Ce passage de témoin, loin d’être anodin, marque une nouvelle étape dans la gouvernance économique de la République démocratique du Congo.
Bitasimwa, vétéran des finances publiques et fils maison de l’IGF depuis 1988, incarne une approche plus méthodique, moins médiatique, mais tout aussi déterminée à assainir la gestion des deniers publics.
Face aux critiques qui le jugent discret, voire amorphe, Bitasimwa répond avec fermeté: «Ceux qui sont contrôlés savent que l’IGF travaille.» Cette déclaration, lancée lors d’une conférence de presse à Kinshasa, résume sa philosophie: l’efficacité ne se mesure pas au bruit, mais aux résultats. Depuis son entrée en fonction, il a renforcé les brigades territoriales, relancé les audits dans les entreprises publiques, et mis en place un système de suivi renforcé des dépenses ministérielles.
Sous son impulsion, l’IGF s’est recentrée sur sa mission première: garantir la transparence, prévenir les détournements et restaurer la confiance dans les institutions financières de l’État.
Bitasimwa promet d’aller plus loin. Il veut moderniser les outils de contrôle, digitaliser les procédures d’audit, et élargir le champ d’intervention de l’IGF aux provinces, souvent laissées en marge des grandes opérations de vérification. Il s’engage également à renforcer la collaboration avec les juridictions financières et les organes anticorruption, dans une logique de complémentarité institutionnelle.
Dans un pays où la mauvaise gestion a longtemps été la norme, Christophe Bitasimwa incarne une nouvelle génération de hauts fonctionnaires: rigoureux, stratèges, et soucieux de résultats durables. Son style, plus feutré que flamboyant, pourrait bien être l’atout discret mais décisif d’une IGF en quête de crédibilité renouvelée.
Les actions majeures menées
Au nombre des actions majeures menées depuis son arrivée, il y a lieu de signaler :
1. Renforcement de la présence territoriale de l’IGF
– Bitasimwa a relancé les brigades provinciales de l’IGF pour intensifier les contrôles dans les entités décentralisées.
– Objectif: lutter contre les détournements dans les provinces, souvent hors du radar des audits nationaux.
2. Digitalisation des procédures de contrôle
– Mise en place d’un système numérique de suivi des dépenses publiques.
– Lancement d’un projet de plateforme intégrée pour centraliser les rapports d’audit, faciliter les alertes et automatiser les vérifications.
3. Audits ciblés dans les entreprises publiques
– Reprise des contrôles dans plusieurs sociétés d’État, notamment dans les secteurs des transports, des mines et de l’énergie.
– Ces audits visent à évaluer la gestion des ressources, la conformité aux procédures budgétaires et la performance des dirigeants.
4. Formation et professionnalisation des inspecteurs
– Organisation de séminaires de renforcement des capacités pour les agents de l’IGF.
– Introduction de modules sur les normes internationales de contrôle, la lutte contre la corruption et l’éthique financière.
5. Collaboration interinstitutionnelle
– Bitasimwa a initié des partenariats avec la Cour des comptes, l’Agence de prévention et de lutte contre la corruption (APLC), et le ministère du Budget.
– Objectif: harmoniser les interventions et éviter les chevauchements dans les missions de contrôle.
6. Communication institutionnelle renforcée
– L’IGF sous Bitasimwa a adopté une posture plus sobre mais régulière dans sa communication.
– Il a affirmé publiquement que «ceux qui sont contrôlés savent que l’IGF travaille », en réponse aux critiques sur sa discrétion.
Dans ses perspectives d’avenir, Christophe Bitasimwa promet :
– Élargir le champ d’intervention de l’IGF aux projets financés par les partenaires extérieurs.
– Moderniser l’architecture juridique de l’IGF pour lui donner plus d’autonomie opérationnelle.
– Renforcer la transparence budgétaire dans les ministères et les gouvernorats.
– Préparer un rapport annuel consolidé sur la gestion des finances publiques, accessible au public.
Christophe Bitasimwa semble miser sur la rigueur, la méthode et la discrétion pour repositionner l’IGF comme un organe de contrôle crédible et durable. Si son style tranche avec celui de son prédécesseur, ses premières actions montrent une volonté de professionnaliser l’institution et de l’ancrer dans une logique de réforme systémique.