Dans le quartier Kinsuka situé à l’ouest de la ville de Kinshasa, l’exploitation artisanale de pierres et de caillasses grignote peu à peu les assises du pylône 156 de la ligne haute tension 220 kV Zongo–Kinsuka. C’est ainsi qu’un géant de fer, planté là depuis des décennies, est sérieusement menacé par l’effondrement dans l’indifférence générale.
Pour éviter un éventuel désagrément, une équipe d’ingénieurs de la société nationale d’électricité –SNEL- conduite par l’ingénieur Bondekwe, chef de division Postes et Lignes Kinshasa-Bandundu, a foulé Ce mercredi 17 septembre 2025 le sol accidenté des carrières de Kinsuka avec pour objectif de constater de visu l’ampleur des dégâts. Accompagnée de la cellule de communication, la délégation a documenté les empiètements illégaux, ces creusements qui rongent dangereusement les fondations du pylône.
«Nous alertons depuis des mois. Si ce pylône cède, c’est 150 mégawatts de puissance qui disparaitront, avec des coupures massives et des risques d’accident dramatique», a prévenu l’ingénieur Bondekwa.
Le mauvais souvenir de Matadi Kibala
L’avertissement rappelle le mauvais souvenir de la tragédie de Matadi Kibala, en 2022, où un câble arraché a électrocuté plusieurs usagers d’un marché pirate. Pour la SNEL, l’histoire pourrait se répéter si rien n’est fait.
Pourtant, les exploitants de pierres avaient pourtant été indemnisés pour libérer les zones sensibles. Mais certains persistent, entraînant un double danger: pour les habitants eux-mêmes, exposés à une électrocution, et pour l’ensemble du réseau électrique, qui dessert Ngaliema, Mont Ngafula et une partie de l’ouest de la ville de Kinshasa.
Ironie du sort: en 2023, l’inauguration du poste électrique de Kinsuka devait marquer un bond en avant pour la desserte en électricité de cette zone stratégique. Aujourd’hui, cette promesse est compromise. Car une ligne haute tension n’est pas qu’un assemblage de câbles et de pylônes; il s’agit d’une colonne vertébrale fragile, dont chaque maillon dépend de l’intégrité du précédent.
La société nationale d’électricité multiplie les mises en garde auprès des autorités compétentes pour interdire des constructions sur des emprises publiques, mais les occupations anarchiques se poursuivent sans désemparer. Cependant, la Direction générale de la SNEL ne se fatigue guère, elle exhorte plutôt à une prise de conscience collective et à des mesures urgentes pour protéger les infrastructures vitales. Car si le pylône 156 venait à s’écrouler, la ville de Kinshasa plongerait dans l’obscurité.