Conformément à la constitution, la rentrée parlementaire de septembre 2025 a eu lieu ce 15. Après les vacances, députés et sénateurs regagnent l’Hémicycle du Palais de la nation. Mais, cette rentrée parlementaire intervient dans un climat politique mouvementé. Une motion de censure initiée par le député Crispin Mbindule, membre de l’UDPS, et signée par plus de 200 députés, vise principalement Vital Kamerhe, président de l’Assemblée nationale. Dès lors, si cette motion passe, le président de l’UNC va perdre son poste comme c’était le cas en mars 2009.
Cependant, pour beaucoup d’observateurs avertis, Vital Kamerhe n’est pas un menu fretin. Pour paraphraser Christophe Rigaud, « le parcours politique de Vital Kamerhe n’a jamais été rectiligne, avec des hauts… mais aussi beaucoup de bas. Avec sa victoire à la primaire de l’Union sacrée qui le désigne candidat unique à la présidence de l’Assemblée nationale, le patron de l’UNC signe un retour fracassant. Vital Kamerhe reprend ainsi un rôle central autour de Félix Tshisekedi et sur la scène politique congolaise, tout en plaçant déjà ses pions pour les échéances électorales futures. En 2009, il claque la porte de la majorité et quitte la présidence de l’Assemblée, en désaccord avec l’entrée de troupes rwandaises en RDC pour mener des opérations conjointes avec l’armée ».
Après sa traversée du désert dans les rangs de l’opposition, VK rebondit en s’alliant aux côtés de Félix Tshisekedi pour la présidentielle de 2018. Un nouveau pari gagnant, qui ne lui donne pourtant pas accès à la Primature qu’il convoitait. Il sera nommé directeur de cabinet de Félix Tshisekedi et deviendra le nouvel homme fort de la présidence, créant des tensions dans l’entourage du chef de l’Etat. Arrêté le 8 avril 2020 et placé en détention pour des soupçons de détournement de 50 millions de dollars dans le cadre du programme d’urgence des 100 jours du président Tshisekedi, il sera finalement blanchi, avant d’être nommé vice-Premier ministre en charge de l’Economie.
Pour remonter au perchoir après 15 ans d’absence, il a dû s’imposer face au président sortant, Christophe Mboso et au président du Sénat, Modeste Bahati. Pour les départager, le chef de l’Etat a organisé une primaire. Jouant sur sa fidélité à Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe s’est finalement imposé avec 183 voix sur 372 votants. Le président de l’UNC avait comme mission de fluidifier le travail parlementaire.
Refus d’un autre son de cloche
Cette personnalité politique issue de l’Est du pays quittait le gouvernement pour se placer au-dessus de la mêlée et ne pas avoir à partager un quelconque bilan. Une fois au perchoir, Vital Kamerhe travaille plutôt pour le déroulement normal du processus démocratique en évitant notamment le tripatouillage de la Constitution pour prolonger le mandat de Félix Tshisekedi. Mais, c’était sans compter avec le parti présidentiel qui entend bien garder la présidence avec ou sans Félix Tshisekedi aux prochaines élections. L’UDPS est le parti le plus important à l’Assemblée et sa capacité de nuisance est forte.
Auparavant, Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi s’étaient retirés de l’accord de Genève qui avait abouti à la désignation de Martin Fayulu Madidi comme candidat commun de l’opposition. Les deux avaient dénoncé le mode de désignation qui, selon eux, n’avait pas tenu compte du poids politique des candidats de l’opposition, au départ quatre (Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Félix Tshisekedi et Freddy Matungulu).
Au regard de ce parcours politique, l’on constate très vite que Vital Kamerhe a beau fait pour le régime en place. Dès lors, vouloir l’écarter du perchoir fait courir un gros danger au pays, même si les talibans ne veulent pas l’admettre. C’est une personnalité ayant un carnet d’adresses bien fourni, qui sait tirer des ficelles partout cela est nécessaire. Pour beaucoup donc, la crise actuelle ne sera jamais résolue sans la présence de VK dans le processus de négociation, en clair, sans le dialogue politique qu’il appelle de tous ses vœux.